J'y vais... je n'y vais pas... j'y vais... je n'y vais pas...

Le jour J était enfin arrivé. Le jour où tout allait être décisif. Aujourd'hui, deux solutions s'offriraient à Magnolia : devenir professeur de défense contre les forces du mal ou se voir refuser ce poste ô combien convoité. Et du coup, son séjour à Poudlard serait terminé. La jeune femme savait pertinemment que son âge et son expérience de vie la feraient perdre d'avance. Mais elle savait aussi que son dévouement pour Poudlard et son dossier plus qu'exemplaire pèseraient dans la balance. Oh... Merlin ! L'estomac noué et les mains moites, elle ne s'était jamais senti aussi nerveuse. Ce qui l'effrayait n'était pas tant de se voir refuser le poste, mais plutôt de devoir quitter Poudlard. Elle n'avait connu que ça. Sans famille, elle n'avait nul part où aller.

Devant la gargouille menant au bureau du directeur, voilà maintenant qu'elle hésitait. Il allait rire, c'était garanti. Elle se mordit la lèvre inférieure, prit une grande respiration et prononça le mot de passe qui fit ouvrit le passage menant audit bureau. Son ascension lui sembla être beaucoup trop courte.

Après une seconde respiration, toute aussi sinon plus grande que la première, elle frappa trois coups bien francs et attendit qu'on l'accueille.

* Les portraits des directeurs précédents le fixaient avec un regard exaspéré pour certains, amusé pour d'autres. Une bonne sieste, c'était ce que faisait le directeur actuel. Il était fatigué après toute cette guerre, qui avait duré, qui s'était enchainée après ses années de service à la Guilde du Leviathan...
Il était à la tête de l'ordre, il continuait de l'être...mais comme il fallait quelqu'un de puissant pour garder l'école de Poudlard et la reconstruire, on l'avait aussi nommé là. Alors, en attendant que tout se reconstruise avant la reprise du mois de septembre, Alexis Eltorn dormait....
Il fut réveillé en sursaut par l'appel de la gargouille. Quelqu'un voulait lui rendre visite. Il bailla un bon coup et décida d'ouvrir le mécanisme qui déployait l'escalier menant à son bureau. Il bailla une seconde fois, entreprit d'arranger ses vêtements froissés et attendit l'arrivant*

Voyant que personne ne lui répondait, Magnolia ouvrit tout doucement et ne fit que passer la tête dans l'entrebâillement de la porte.

- Euh... Monsieur Eltorn ?

Pendant que ce dernier replaçait ses vêtements, la jeune femme entra. Visiblement, elle venait de le réveiller d'un profond sommeil. Elle pouvait presque voir les marques de l'oreiller sur son visage.

- Nous avions un entretien...

Elle fit un pas ou deux.

- Vous n'aviez pas oublié, toujours ? ajouta-t-elle, timidement.

Ça lui faisait toujours drôle de voir quelqu'un d'autre que Albus Dumbledore dans le bureau du directeur. Elle regarda ici et là, de toute évidence très mal à l'aise. Même les tableaux lui semblaient pas comme d'habitude.

*Raté, elle était montée tellement vite qu'elle avait vu le moment où il tentait d'épousseter ses vêtements. Il soupire puis s'étire un bon coup (à quoi ça sert de cacher maintenant) et dit d'un air qu'il voulut amical mais qui restait....très endormi*

- Non, je n'ai pas oublié, je n'oublie jamais ! Prenez un siège, mademoiselle Spellman, nous avons à discuter.
Vous venez pour le fameux poste maudit mais qui ne l'est plus ?

*Il la regarda de haut en bas de gauche à droite. Elle était plutôt jeune pour ce poste. Intéressant...Autre chose : elle avait fait ses études ici et venait d'en sortir. Jeune et inexpérimentée. voila qui était encore plus intéressant*

L'ancienne Serpentard fronça le regard lorsqu'elle vit le directeur se mettre à bailler. Le moins qu'on puisse dire, en le regardant de haut en bas de gauche à droit, c'est qu'il manquait... d'énergie. Plutôt étonnant pour un directeur. Enfin. Elle alla prendre place dans l'un des fauteuils.

- Un poste maudit...

Elle éclata de rire.

- C'est une façon de voir les choses. Mais je dirais que ce n'est pas tant le poste qui est maudit, que les enseignants incompétents que nous avons eu. Sauf, bien entendu, le professeur Lupin ET le professeur Rogue...

La jeune femme baissa la tête.

- ... qui nous a malheureusement quitté beaucoup trop tôt. ajouta-t-elle tristement. Monsieur Eltorn. renchérit-elle avec vivacité. Avant que vous ne disiez quoique ce soit, j'aimerais vous dire à quel point j'espère ce poste. Je l'espère avec convictions. Il est vrai que je suis jeune, il vrai que j'ai terminé mes études il y a à peine quelques mois, et il est vrai que... mais je...

Magnolia s'arrêta et ferma les yeux. "Mais tais-toi", pensa-t-elle. Elle parlait trop, beaucoup trop. Elle rouvrit les yeux et repris, cette fois-ci, de manière plus posée :

- Je vous écoute.

*Malgré l'apparence très ... endormie qu'il affichait, Alexis était très concentré sur ce qu'il se passait et rien ne lui échappait. La jeune femme qu'il avait face à lui était énergique et volontaire,c'était un bon point. Elle était bien au courant de la vie de Poudlard (elle venait d'en sortir, remarquez, ce n'était pas difficile) et n'avait donc pas pris peur en entendant le poste maudit. Bon, de toute façon, le poste n'était plus maudit depuis le décès de Voldemort, alors...Il passa ses doigts dans les pages du dossier de Magnolia et pencha la tête sur le côté*

- Vous étiez à Serpentard ?

*Bien sûr, Alexis savait déjà quel sort il allait réserver à la jeune femme, mais il avait envie de faire durer les choses et de la tester*

- Vu les évènements récents, un Serpentard qui demande un poste de ce genre n'est pas vu d'un bon oeil. Vous ne croyez pas qu'un nouveau professeur étrange dans l'école n'est pas suffisant ?

*Il parlait de lui derrière ces termes. Alexis n'avait pas eu à souffrir des commentaires des autres sur ses deux nouveaux statuts, à vrai dire, il s'en fichait. Néanmoins il savait qu'il ne faisait pas l'unanimité dans les deux cas : après tout, on ne savait rien de lui sauf qu'il est mage noir et qu'il avait un passé obscur et noir.
Certains sorciers, comme lui, subissaient actuellement les vertes critiques des gens, et parmi eux les Serpentards (à tort ou à raison). Même les innocents étaient déconsidérés et certains exclus de la société. *

En écoutant les quelques paroles du directeur, Magnolia se cala dans son siège, l'air nettement plus sévère. Où diable voulait-il en venir ?

- Rectifions. Une Serpentard qui aurait du être envoyé à Serdaigle. Je me permets de vous corriger.

Tiens. On aurait dit que toute sa timidité venait de disparaitre.

- Vous pourrez demander à n'importe qui dans cette école, tous vous diront que je n'étais pas à ma place chez les Serpentard. Tous pourront témoigner du fait que j'étais loin de partager les idéaux de mes confrères et consœurs de maison. Cela étant dit... après la mascarade d'enseignants tous aussi étranges les uns que les autres à laquelle nous avons eu droit d'assister par le passé, une enseignante étrange de plus ne fera pas vraiment de différence. Vous ne pensez pas ?

La jeune femme s'étonnait elle-même par son franc parlé. Il y a quelques années, jamais elle n'aurait osé s'adresser ainsi au directeur. Mais aujourd'hui, Monsieur Eltorn venait de s'attaquer profondément à ce qu'elle était, comme tant de gens l'avaient fait par le passé. Pour une fois qu'elle avait la chance de mettre les choses au clair et de briser certains préjugés dont elle avait souvent été la victime. Et cette chance lui avait été servie sur un plateau d'argent par celui qui faisait figure de nouveau directeur. À défaut d'être engagée, elle aura au moins eut la chance d'avoir pu se vider le coeur.

Ca y est, enfin la timide jeune fille commençait à prendre plus de consistance. Même s'il représentait la tête de l'établissement, Alexis préférait qu'on montre du caractère plutôt que de la réserve ; et pour cela, rien n'était plus efficace que les petites piques qu'il adorait envoyer. Ca n'avait pas raté, Magnolia avait changé de comportement...

- Je vous crois, c'est évident. Le dossier que vous m'aviez envoyé n'est pas la seule source de renseignement que j'ai à votre sujet. Dès que j'ai reçu votre candidature, j'ai enquêté sur vous. Je sais donc bien des choses à votre sujet, entre autre votre affectation à Serpentard, assez malencontreuse. Ce n'est pas le premier cas de notre école, d'ailleurs, où le Choixpeau a commis une erreur de répartition.

Il faisait référence au professeur Rogue, dont le choixpeau avait décidé qu'il irait à Serpentard, et dont le destin l'avait amené jusqu'à une mort tragique. Heureusement, MAgnolia n'avait pas subi le même sort.

- Quand à ce que vous dites des autres enseignants, vous n'avez pas tort. Mais ce n'était là où je voulais en venir. Dites-moi...

Il marqua une petite pause.

- Est-ce que vous savez qui je suis ? Juste pour savoir l'idée que vous vous faites de moi....

Non, il n'allait pas parler de sa vie mais il avait une idée derrière la tête.

La discussion prenait une bien drôle de tournure et Magnolia ne pu s'empêcher de froncer le regard. Ainsi donc, le nouveau directeur de Poudlard avait enquêté sur elle ? Pour trouver quoi ? Hum... Y avait-il vraiment quelque chose à découvrir dans sa courte et banale existence ? Que savait-il donc à son sujet ?! Rah ! Magnolia détestait savoir qu'on l'avait épié. Et à son insu !

Quand Monsieur Eltorn lui demanda tout bonnement s'il savait qu'il était, Magnolia ne su quoi répondre. Elle se contenta de hausser les épaules.

- Et bien... outre le fait que vous êtes le directeur de cette école et que vous semblez être un bon ami de Sylvia, enfin, du professeur Bibine, non, je ne sais qui vous êtes.

La jeune femme regarda fixement l'homme, se demandant le but de tout ceci.

*Il afficha un petit sourire*

- Je serais bien curieux de savoir ce qu'a pu dire le Professeur bibine à mon sujet.

*Il se mit à rire avant de reprendre*

- Vous ne savez rien de moi, mais...Vous ne me considérez pas comme le directeur de Poudlard. Il y a un indice clair à cela. En entrant dans mon bureau, vous avez dit : "Monsieur Eltorn" et non..."Professeur Eltorn". Ce n'est peut-être à vos yeux qu'une idiote question de vocabulaire, mais cela peut sous-entendre beaucoup de choses : il va être très difficile pour moi de remplacer le professeur Dumbledore, car il est irremplaçable. C'était un homme unique, doux, qui a su imposer sa marque sur le monde sorcier depuis des décennies. Il a fait des erreurs par le passé, certes. Mais vu ce qu'il a fait pour se faire pardonner, les gens maintenant le considère à raison comme un héros. Et moi, j'arrive là, d'on ne sait où. Certains sorciers me connaissent et savent. Mon passé fait en sorte que des sorciers crient au blasphème en me voyant à ce poste. Je suis mage noir, après tout. Et Américain. Dans une école anglaise. Double ignominie !

*Il fait une pause avant de plonger ses yeux bleus droits dans ceux de Magnolia*

- Mademoiselle Spellman, que vous soyez serpentard, serdaigle, moldu ou groll, cela n'a aucun intérêt pour moi. Ce qui compte, c'est votre actualité, et le fait que vous ayez choisi la voie d'Albus Dumbledore. Il est jamais facile de lutter comme vous l'avez fait au sein de Serpentard. Cependant, quand j'ai eu l'air de vous "accuser" d'être une serpentard, vous êtes montée sur vos grands Sombrals. Tout le monde n'est pas comme moi et vous entendrez beaucoup de critiques sur ce que j'ai avancé moi-même pour vous tester. Serez-vous prête à supporter tous les persiflages ?

Voyant Alexis sourire, Magnolia se décontracta peu à peu. Sans même s'en rendre, ses mains s'étaient crispées sur ses genoux. Une réaction tout à fait normalement, vu le stress et tout le reste.

La jeune femme écouta donc les paroles pleines de vérités et de sens de l'homme qui se trouvait en face d'elle. Et en l'écoutant, elle avait l'impression de se reconnaître en lui. D'une certaine façon. Il avait un passé, pour le moins, pas très élogieux, et lui aussi était "victime" de critiques de parts et d'autres. Mais malgré tout, il était là, assis au siège qu'occupait jadis l'estimé Albus Dumbledore. Il fallait être fort pour affronter les regards et les jugements. Magnolia comprenait enfin où il voulait en venir. Avait-elle cette force, elle aussi ? La force de se lever, jour après jour, et de faire face à des élèves en sachant pertinemment qu'elle allait être jugé par ceux-ci et les parents de ces derniers ? Oh oui. Elle en était convaincue.

En soutenant le regard du directeur, elle lui répondit :

- Vous l'avez dit vous-même ! Il m'a fallu lutter pendant 7 ans pour défendre mes convictions... pour défendre ce que je suis. Merlin seul sait à quel point ça n'a pas été facile, mais ça ne m'a pas découragé outre mesure. Si ça trouve, ça m'a rendue plus forte. Maintenant, ne pensez-vous pas que je serais devant vous pour le poste de DFCM si j'avais été incapable de supporter les critiques ? Les on-dit et les qu'en-dira-t-on, il y en aura toujours. Si j'ai été capable d'y faire face pendant 7 ans, je serai encore capable de le faire pour les 15 prochaines années au moins !

*Elle était bien fidèle à ce qu'il avait pu savoir d'elle. Sa timidité du départ n'était peut-être qu'une forme de politesse, et Alexis était satisfait de voir que cet état n'avait pas duré. Maintenant elle se montrait combattive.*

- Du point de vue de votre caractère, je savais avant que vous ne rentriez que vous passeriez haut la main mon test. Bon, d'accord, vous auriez pu me décevoir, du coup mon omniscience se serait montrée totalement bidon mais puisque tout vole comme sur un balai, je ne vois pas pourquoi je me suis posé cette question. Je sais aussi, par votre dossier scolaire que j'ai sous les yeux, que vous étiez bien apprécié par les professeurs de Poudlard pour vos résultats particulièrement excellents. Buses et Aspics réussis haut la main...J'ai notamment deux commentaires à votre sujet par les professeurs Bibine - il faudrait sérieusement qu'elle apprenne à écrire mieux, j'ai mis des heures à déchiffrer le tout - et le professeur Rogue - dont l'écriture est encore plus déplorable et illisible. C'est particulièrement élogieux.

*Il retira ses lunettes qu'il posa sur le bureau et se leva*

- Mais ... il m'en faut un peu plus pour me convaincre. Etes-vous capable vous-même de résister physiquement aux pires forces du mal ?

*Et il jeta un regard lourd de sens à la jeune fille, lui laissant comprendre clairement par son ton de voix qu'il allait se charger de vérifier ça lui-même. Ce qui n'est pas follement rassurant*